La Provence en parle
Un
festival de belles voix
Heureux les intrépides qui ont eu
le courage de braver l’orage et la pluie pour applaudir la soprano Julie Fuchs
au concert de prestige des Saisons de la Voix. Réfugiés dans l’Église Saint
Firmin pleine à son comble, accueillis pour le sourire de jeunes enfants, ils
ont découvert un spectacle musical d’une rare qualité qui faisait la part belle
aux « Mélodies d’Amour ».
Le programme de la soirée avait
été soigneusement préparé par le maître d’interprétation lyrique, Jeff Cohen,
au piano ce soir là, un artiste bien connu des Gordiens*. Il a réussi à faire
se succéder en scène avec le même bonheur, la diva Julie Fuchs et son complice
le ténor Julien Behr, aux voix amples et magnifiquement timbrées, et les
apparitions ravissantes de jeunes chanteuses au talent bien affirmé, lauréates
du concours de chant de Gordes. L’éventail lyrique était mis en valeur par les
vocalises sublimes de Julie Fuchs et les sombres méditations de Julien Behr,
notamment dans « Pace non trovo » un des sonnets de Pétrarque de
Liszt et « Kuda, Kuda » extrait d’ Onéguine de Tchaikovsky.
Mozart ouvrait le concert avec
des extraits d’airs d’opéra. Après le Chérubin des Noces, chanté avec grâce par
Violette Polchi, puis le duo Julie Fuchs et Déborah-Ménélia Atal qui côtoyait
les anges dans l’air de la Comtesse et Suzana, « Sull’aria », une
brise de beauté rafraîchissante s’est levée dans l’atmosphère surchauffée de
l’église…
Les mélodies de Debussy, puis de
Poulenc ont pris la relève avec notamment la soprano Sujin Hong, tout en
délicatesse dramatique et la mezzo Ciara Gallagher, avec de belles nuances
expressives qu’elle a confirmées dans un extrait du Chevalier à la Rose de R.
Strauss. Enfin, Cécile Lo Bianco a chanté Les chemins de l’amour de Poulenc de
façon si convaincante que l’on a cru voir valser toute la salle.
Après un court entracte, les
artistes tous en scène ont repris tour à tour, la Barcarolle de Jacques
Offenbach, divinement mimée par le couple Julie et Julien : la « Belle
nuit d’amour » était sur toutes les lèvres… Julie Fuchs poursuivait
avec le « Je veux
vivre » du Roméo et Juliette de Gounod, et la salle lui a fait un
triomphe. Le concert s’est poursuivi avec la même verve, Rossini, Offenbach et
Bernstein - l’air de Cunegonde extrait de son Candide - que la soprano Deborah-
Ménélia Atal, dans une robe blanche étincelante, a chanté avec une sensibilité
très virtuose, parfaitement maîtrisée. Le « Libiamo » de la Traviata
de Verdi, chanté en chœur, terminait en beauté ce festival de belles voix ainsi
que le l’extrait de la Veuve Joyeuse de Franz Lehar, dansé par Julie et Julien
en hommage à « L’heure exquise qui nous grise ». Les applaudissements
frénétiques du public ont longuement salué la performance des artistes. Le
bonheur était lui aussi, à son comble.