Un beau début de saison... ! par Gérard Abrial
Pour
ce lever de rideau de notre saison 2012, les voix étaient à l’honneur.
Associés
à nos amis des « Saisons de la voix » de Gordes, nous avons eu le
plaisir de découvrir en première partie de concert, cinq chanteuses en devenir
puis, en seconde partie, une artiste « de référence » pour ces
dernières, Mireille Delunsch.
Mais,
avant de vous livrer nos impressions, un mot sur l’assistance présente ce soir
du 12 juillet…
Auditions…master-class…concours…récitals…les
rencontres autour du lied et de la mélodie révèlent chez le public
« néophyte » une capacité, non pas à émettre un jugement argumenté, mais
à saisir la singularité de tel ou tel artiste et les apprécier différemment
selon son goût. Et ainsi, avec bienveillance, à se piquer au jeu des
comparaisons puis à proclamer un classement.
Auditeurs
amateurs comme professionnels, au-delà de la « prestation vocale », nous
sommes tous influencés par ce qui émane de ces artistes, leur mise, leur
gestuelle, leur « style », leur choix musical. Et là…grande surprise…pour
qui tend l’oreille, a la pause, on peut entendre des commentaires, qui, pour être
« profanes » sont souvent pertinents et perspicaces.
Nos
cinq chanteuses (quid de la parité, chers organisateurs.. ?) toutes désignées
lauréates par le jury des Saisons de la Voix, ont démontré un réel potentiel
lyrique, caractérisant leurs textes, soignant leur phrasé, leur ligne de chant,
leur projection vocale, l’étendue dynamique de leur voix. Bien entendu, une
oreille attentive aura perçu quelques intonations imparfaites, une diction de
ci, de là perfectible, quelques sons détimbrés. Et à une exception près, des
timidités gestuelles, des « présences » à affirmer. Mais, la
détermination de ces jeunes femmes à mettre leurs pas sur ceux de Natalie
Dessay ou de Cécilia Bartoli est indéniable.
Le
récital de Mireille Delunsch aura certainement fait rêver nos lauréates.
Magnifique
soprano qui rayonne sur l’univers de l’opéra comme sur celui du récital
lyrique, on n’énumère plus ses prises de rôle ni les scènes sur lesquelles elle
se produit.
Ce
programme- sérénade signé Mireille Delunsch, a été un moment de grâce, Jeff Cohen
et Macej Pikulski, pianistes-accompagnateurs des plus grandes stars du lyrique,
ayant largement contribué à la belle qualité de ce récital.
Mais,
le temps fort de cette soirée fut l’apparition d’une jeune mezzo-soprano, qui,
interprétant deux mélodies de Duparc et de Poulenc, aura été à l’origine d’une
apnée collective.
Ninon
Dann, jeune trentenaire d’origine provençale, possède un trésor, celui d’une voix
dense, intense, volumineuse, stable, profonde, chaude et colorée, fertile en
harmoniques et riche en tanins comme diraient les œnologues. Le chant de Ninon
Dann ne sent jamais l’effort, il est naturel, fluide exempt de toute afféterie
ou maniérisme. A cette artiste rare, on prédit une grande carrière.
« Mais... ces propos ne sont t’ils pas imprudents car inspirés par la seule
écoute de deux brèves mélodies, mélodies aux difficultés sans rapport avec
celles des grands rôles opératiques.. ? »
« Oui, certes… » devons-nous
répondre au mélomane circonspect.
Mais
à peine celui-ci s’étant éloigné, sans hésitation, nous déclarons…
« Ninon Dann, hier à
Gordes, aujourd’hui à La Scala, demain au Met.. »
Les paris sont pris…
Gérard
Abrial
Pour
les Musicales du Luberon.
Prochain rendez-vous :
Ménerbes 19 juillet : Fabio Biondi ensemble Europa Galante.