La Damnation d'Hector Berlioz au samedi des Musicales du Luberon


    Au dernier samedi des Musicales du 14 avril 2012, Roger Botella proposait une thème insolite, La Damnation d’Hector Berlioz. L’écoute guidée de La Damnation de Faust (1846) à partir d’éclairages révélateurs de la vie du musicien permet en effet de mieux comprendre l’originalité de ce génie et son art de l’orchestration qui ouvre une voie majeure dans l’histoire de la musique.
    Rien n’a été facile dans la vie de Berlioz, un compositeur prodigieusement doué dont le parcours est semé d’innombrables obstacles. Pour commencer, une famille qui ne croit pas à son don pour la musique, s’oppose à sa vocation et lui annonce l’excommunication dans ce monde et la damnation dans l’autre ! Il en faudra beaucoup plus pour arrêter Berlioz dans sa course. Le goût musical très frileux de son temps n’apprécie pas ses débordements sonores et imaginatifs mais cela ne l’empêche pas de poursuivre son chemin avec la ténacité des grands créateurs. Et son goût de la composition reste intact malgré la maladie bipolaire qui le frappe à seize ans, décrite dans ses mémoires comme une véritable torture et dont les crises douloureuses reviendront le frapper souvent.
    Contre l’adversité, il oppose trois passions fortes. Virgile dont les vers le font pleurer, avant ceux de Goethe, de Shakespeare et des poètes romantiques, notamment Gérard de Nerval, le traducteur du Faust. Il y a aussi la force de la musique et l’agencement  des sonorités de l’orchestre, toujours au premier plan de son esprit inventif. Il y a surtout l’amour, un puissant ressort de son imagination fertile. Berlioz est un grand amoureux, l’homme du coup de foudre qui dure…
    De ces passions mêlées naissent les œuvres majeures de sa vie, dont cette Damnation de Faust, qui n’est pas tout à fait un opéra, mais si belle, si expressive et si bien écrite qu’elle touchera toujours des auditeurs avides d’émotions fortes et pénétrantes .

Enregistrements de référence
les Faust et Méphisto de JOUATTE et CABANEL, FOURNET (1943)
Le Mephisto de PANZERA, COPPOLA (1930)
La Marguerite de HORNE, PRETRE (1969)
Les Faust et Marguerite de TURP et CRESPIN, MONTEUX (1962)