Les cinq lauréats du 5ème concours lied et mélodie choisis par le jury présidé par Raymond Duffaut

Cécile Lo Bianco, soprano,
Fréderic Beaudoin,  ténor
Violette Polchi,  mezzo colorature
Catherine Bergeron, soprano
Caroline Oliveros, pianiste du concours
Deborah  Attal, soprano, sa  pianiste Virginie Dejos


Photos François Cayla
Jury  présidé par Raymond Duffaut, directeur général des Chorégies d’Orange et Patricia Fernandez, Mireille Alcantara, Franck T’Hézan et Monic Cecconi-Botella.

Le 5ème concours international de chat Lied et mélodie s'est tenu à Gordes, Salle Simiane de la Mairie, le samedi 3 novembre 2012.

 

Ninon Dann, l'étoffe d'une Diva

 
Gordes, samedi 28 novembe 2012 
Récital de la mezzo Ninon Dann et de la pianiste Caroline Oliveros

Grand vent de bonheur sur la salle Simiane

Les violentes bourrasques d’un vent d’automne soudainement glacial, n’ont pas découragé les amateurs de bel canto venus écouter le récital de la soprano Ninon Dann, sous les poutres apparentes de la  salle Simiane, au dernier étage de la mairie de Gordes. Le charme a opéré dès les premiers mots de la  mélodie d’Henri Duparc « Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur…» du poème de Baudelaire. Malgré les bruits furieux d’un vent jaloux, Ninon a captivé l’audience avec sa voix chaude et expressive, capable de traduire du forte au pianissimo toutes les nuances de cette Invitation au voyage où « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». La volupté se poursuivait  avec d’autres mélodies françaises parmi  les plus belles dont Ninon Dann en a rendu avec talent la subtilité avec une apparente facilité. Ce furent les évanescents « Chemins de l’amour » de Francis Poulenc et Jean Anouilh puis le cri de détresse d’Érik Satie « Je te veux », un rêve qui veut entraîner loin de toute tristesse…. Pari réussi. Dans le public, le bonheur était à son comble.
Pour reposer la diva, Caroline Oliveros a joué seule au piano une partition étincelante de Massenet, Papillons noirs, Papillons blancs et la Gnossienne n° 1 de Satie dont elle a traduit avec talent la fascination. Son jeu était tout aussi fluide pour accompagner l’air des Lettres et celui des Larmes du Werther de Massenet, puis les airs de Dalila de Saint-Saëns et l’adieu à la vie de Desdémone dans l’Othello de Verdi. Toutes les nuances du sentiment amoureux et du désespoir devant la trahison étaient divinement rendues par Ninon Dann qui a su doser la richesse d’un timbre de voix aussi à l’aise dans le déchaînement des aigus que dans les basses murmurées… Dans son bis, Carmen nous a mis en garde contre les ruses de l’enfant de bohême, un rôle qui lui va comme un gant et dans lequel elle excelle. Ninon Dann : l’étoffe d’une diva annonçait le concert, ce n’était pas une vaine promesse a reconnu le public par ses applaudissements !
Ninon Dann a déjà chanté plusieurs fois à Gordes puisqu’elle a été l’une des lauréates du Quatrième concours de chant des Saisons de la Voix en 2011. On a pu l’applaudir aussi concert des « master class » de printemps et au concert de juillet au théâtre des Terrasses, aux côtés de là grande Mireille Delunsch. Chaque automne, Les Saisons de la Voix retiennent à leur concours de chant une quinzaine de jeunes candidats et les cinq lauréats désignés par le jury gagnent en récompense une classe de maître de trois jours à Gordes, au printemps, avec Jeff Cohen, compositeur, pianiste et chef de chant. Une expérience de choix qui les aident à se perfectionner dans leur art.
Cette année, le cinquième concours 2012 se tient le samedi 3 novembre de 10 h 30 à 18 h 30 Salle Simiane et Raymond Duffaut, le directeur les Chorégies d’Orange, est le président du jury. Le concours est ouvert au public, lui donnant l’occasion d’entendre peut-être, en avant-première, un futur grand nom de la scène lyrique.
À ce propos, un hommage vibrant a été rendu par le Colonel Clerc représentant la Légion d’Honneur en Vaucluse, à la présidente des Saisons de la Voix, Monic Cecconi Botella, compositeur et Premier Grand Prix de Rome, nommée en début d’année Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. C’est en effet à Monic Cecconi Botella  que revient le mérite d’aider par son initiative l’émergence et l’entrée dans la carrière de jeunes talents lyriques. L’hommage était annoncé par Ninon Dann qui a chanté une de ses mélodies « Devant la porte… »  sur un poème de Pierre Gripari, un moment de fraîcheur inventive entre sourire et larmes. Des larmes de bonheur.

Lucien Ricaud,
7 novembre 2012,
Dauphiné Libéré Sud Vaucluse