Pour la petie Histoire...

Francis Poulenc, se montrait fort attaché à ses mélodies. À un critique qui se demandait pourquoi il écrivait ce type de musique, Poulenc réagit en disant «Je voudrais bien savoir pourquoi cette forme serait périmée. Il me semble que tant qu’il y a des poètes, on pourra écrire des mélodies». Car Poulenc était le poète des musiciens ; il a parfaitement compris ce qu’était la poésie et a pu la traduire en inventant une musique, elle aussi poétique. Cette intelligence s’exerce surtout sur des écrits de ses contemporains, qu’il a rencontrés et qui étaient pour la plupart ses amis. C’est par exemple le cas de Paul Eluard, dont la sobriété et la pureté du lyrisme ont apporté à l’œuvre du musicien une gravité et une dimension nouvelles. Son amitié avec Louise de Vilmorin était profonde et partagée comme en témoigne cet extrait de sa lettre au sujet du poème « Au-delà » qu’il a mis en musique.

"Mon Poupoul chéri,

Ce poème que j’avais écrit sans y mêler la moindre intention, la moindre pensée inconvenante m’a valu de la part de Marie-Blanche des taquineries dont je suis encore éberluée. Elle m’a démontré que ce poème était l’indécence même et contenait des images et des aveux dignes de faire rougir le confesseur le plus large d’esprit. Et quand je lui ai dit qu’elle avait l’esprit mal tourné elle m’a répondu que mon inconscience n’était pas, à ses yeux, une preuve d’innocence. Je l’ai modifié pour tout le monde et si je ne l’ai pas changé pour toi c’est que je l’avais écrit pour toi et que je savais que ta musique aurait le pouvoir de l’innocence sous sa forme originelle"… Loulette
15 juillet (St Henri) 1939
Francis Poulenc, Correspondance 1915-1963, Editions du Seuil, 1967, pp. 110-111. Correspondance établie par Hélène De Wendel